Par Marie-Stéphane SANCHEZ. L'arc et la lyre : poésie et poème
La poésie est connaissance, salvation, pouvoir, abandon. Opération capable de changer le monde, l’activité poétique est révolutionnaire par nature ; exercice spirituel, c’est une méthode de libération intérieure.
La poésie révèle ce monde, en crée un autre. Pain des élus ; aliment maudit. Isolée ; une invitation au voyage ; retour à la terre natale. Inspiration, respiration, exercice musculaire. Prière au néant, dialogue avec l’absence : l’ennui, la détresse et la désespérance l’alimentent. Oraison, litanie, épiphanie, présence. Exorcisme, incantation, magie. Sublimation, compensation, condensation de l’inconscient.
Expression historique de races, nations, classes. Elle refuse l’histoire : dans son giron, se résolvent tous les conflits ciblés et l’homme acquiert finalement la conscience d’être quelque chose de plus qu’un passage.
Expérience, sentiment, émotion, intuition, pensée non dirigée. Fille du hasard ; fruit du calcul. Art de parler en une forme supérieure ; langage primitif. Obéissance aux règles ; création d’autres. Imitation des anciens, copie du réel, copie d’une copie de l’idée. Folie, extase, logos. Retour à l’enfance, coït, nostalgie du paradis, de l’enfer, des limbes. Jeu, travail, activité ascétique. Confession, expérience innée. Vision, musique, symbole.
Analogie : le poème est un coquillage dans lequel résonne la musique du monde et les pieds et les rimes ne sont que des correspondances, des échos de l’harmonie universelle. Enseignement, morale, exemple, révélation, danse, dialogue, monologue.
Voix du peuple, langage des élus, phrase du solitaire. Pure et impure, sacrée et maudite, populaire et minoritaire, collective et personnelle, dénudée et vêtue, parlée, peinte, écrite, détient tous les visages mais il y a celui qui dit qu’elle ne possède personne.
Le poème est un masque qui occulte le vide, magnifique preuve de la grandeur superflue de toute œuvre humaine !